dimanche 21 août 2016

13/IDIR-LETTRE A MA FILLE

LETTRE A MA FILLE

Comme tous les matins pluvieux
Tu es passée devant ce miroir
Ajusté ce voile sur tes cheveux
Qui devra tenir jusqu’au soir.

Tu m’as dit au revoir d’un regard loué
Avant de quitter la maison
Le bus t’emmène  à la faculté
Ou tu construis ton horizon.

Je suis resté immobile sans t’apercevoir
J’ai pensé très fort à toi
Réalisant la joie immense de te voir
Vivre sous mon toit.

C’est vrai, je ne t’ai jamais avoué
Ni top fort, ni trop bas
Chez nous, il y a des choses sacrées
Qu’on ne dit pas.

Je t’ai élevée de mon mieux
Et j’ai toujours fait attention
A perpétuer les règles de nos vieux
Et à respecter la tradition,

Comme l’ont fait mes parents
Crois-moi sans riposter
Comme le font tous ces hommes vivants
Que je croise à la mosquée.

Je t’ai élevée de mon mieux
Comme le font tous les nôtres
Mais était-ce bien à tes yeux ?
Ou pour faire comme les autres ?

Tous ces doutes innés
Et cette question affreuse :
C’est moi qui t’ai élevée,
Mais es-tu seulement « heureuse » ?

Je sais que je suis sévère et un peu sourd
Et nombreux sont les interdits :
Tu rentres tout de suite après tes cours
Et ne sort jamais le samedi.

Mais plus ça va et moins j’arrive
A effacer cette pensée :
« Tu songes a quoi dans ta chambre
Quand tes amis vont danser ? »

Tout le monde est fier de toi
T’as toujours été un bon élève
Mais a-t’on vu assez souvent de toi
Un vrai sourire sur tes lèvres ?

Tout ça je me le demande pourquoi ?
Mais jamais en face de toi.
Tu sais ma fille, chez nous là-bas
Il y a des choses qu’on ne dit pas.

Et si  un jour on décidait
Que les bien-pensants se taisent ?
Et si pour un temps on oubliait
Ces convenances qui nous pèsent ?

Si pour une fois tu avais
Le droit de faire ce que u veux
Si pour une fois, tu allais danser
En cachant tes cheveux ?

J’veux que tu cris, tu chantes et jouir
A la face du monde !
J’veux que tu laisses s’épanouir
Tous ces plaisirs qui t’inondent !

J’veux que tu sortes en toute liberté
J’veux que tu ries en toute fierté
J’veux que tu parles l’amour et la gaieté
J’veux que tu aies le droit d’aimer.

Le droit d’avoir tes 20 ans
Au pour quelques temps
Il m’a fallu un courage résistant
Pour te livrer ainsi mes sentiments.

Mais si je t’écris cette lettre maintenant
C’est pour que tu saches simplement
Que je t’aime comme un fou chérissant
Même si tu ne le vois pas souvent.

Tu sais ma fille, chez nous là-bas,
Il y a des choses qu’on ne dit pas.

Inspiration : Paroles et chanson  IDIR

https://karim60.blogspot.com/2016/08/13lettre-ma-fille.html









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